jeudi 1 juillet 2010

Pizzàgogo

Depuis des mois le four à gaz (genre petite collectivité) de la cuisine est en panne. Avec peu de chance de voir un jour sa flamme ranimée. Et un inconvénient majeur : plus de pizzas, traditionnellement au menu du samedi soir – ce que nous avions un peu goûté dans nos précédents séjours.

Aussi la décision s’est imposée à la mi-mai : construire un vrai four à l’extérieur de la cuisine, sous l’auvent qui abrite déjà fatapera et braseros où se consument lentement les « riffles » tassées au pilon pour cuire le riz, et les chutes en provenance de l’atelier bois dont on entend presque tout le jour fonctionner la raboteuse-dégauchisseuse ou les scies circulaires et à ruban.

Les briques réfractaires, plus petites que le standard malgache qui ne tient pas au feu, sont arrivées en 4X4 depuis Tana, à l’occasion d’un de ces nombreux voyages entre la Maison Provinciale et Mahajanga. Il faut dire qu’à Ivato, au Centre ND de Clervaux qui jouxte la maison mère, il y a un vrai grand four à pizzas qui passe pour un modèle.


Un jour donc un groupe d’élèves s’est attelé à la tâche en commençant par deux murs en pierres cimentées pour couler ensuite une petite plate-forme de béton, support du futur four à la bonne hauteur.

Comme le chantier était pratiquement sous la fenêtre de notre chambre nous avons pu le suivre, en espérant que nous en verrions le terme. Pendant plus de deux semaines les élèves ont patiemment disposé les briques, souvent taillées à la meuleuse (bruit et poussières !). Pour la voûte ils ont rempli la cavité de sable, le tas étant calibré par un gabarit en bois.

Pour finir la voûte de briques est recouverte d’une épaisse couche de terre mouillée qui s’est craquelée en séchant.

Il y eut des inquiétudes au cours du chantier : le four n’était-il pas trop petit, l’ouverture trop étroite ?

En tout cas il est beau, ressemblant à un igloo avec un court tunnel d’entrée où est pratiquée l’ouverture pour l’évacuation des fumées.


Tout n’est pas fini : si la porte du four a été posée hier, la cheminée métallique, qui est faite, n’est pas posée.

Mais cela n’a pas empêché d’étrenner le four, tant était grande l’impatience des trois italiens de l’endroit : deux jeunes dont nous avons déjà parlé (Ricardo et Giani – pizzaioli d’occasion), et le Père (Supérieur) Giuseppe Miele – alias Père Bepi. Après un premier coup de chauffe au milieu de la semaine dernière pour tester le comportement du four, et de la pâte…

Samedi fut la première vraie journée de mise en service du four à pizzas. Quelque chose comme dix kilogrammes de farine (pour une dizaine de personnes). Rien d’autre au menu ce midi-là. Il en restait pour le soir : deux pizzas au même repas, c’est beaucoup.

Du pain avait été préparé pour profiter du four à chaleur déclinante après la cuisson des pizzas. Mais, pas assez levé, et trop longtemps dans le four, il en est sorti assez dur. A revoir.

Et la pizza fut de nouveau au menu lundi ! Cette fois avec une clientèle élargie aux aspirants salésiens qui vivent dans un bâtiment proche. Nos deux pizzaioli avaient trouvé la méthode et le rythme.


Il n’y a pas que les pizzas dont nous avons mangé à satiété. Notre consommation de fruits n’est pas non plus dans la parcimonie. Souvent au moins quatre bananes par jour, et deux grosses tranches de papaye. Il n’est pas rare en plus que la papaye pas encore mure se retrouve râpée en compagnie de carottes. Une vraie cure de fruits. Papayes et bananes poussent à l’intérieur des murs de clôture de Don Bosco, ainsi que des citrons. Et d’autres fruits dont nous ne connaissons pas les noms : en voici les photos. Merci de nous tirer de notre ignorance.



Ecrit le jeudi soir 1° juillet, à la veille de notre voyage retour à Antananarivo.