samedi 12 juin 2010

Le coq est mort...


Et mes nuits en sont améliorées. Dès trois heures du matin il lançait des salves toutes les vingt minutes à quelques dizaines de mètres de la fenêtre forcément ouverte : le tamis anti-moustiques est peu efficace contre la propagation des sons. Depuis une semaine le calme nocturne perdure : ce ne sont pas les aboiements lointains – à n’importe quelle heure de la nuit on entend des chiens excités – qui sont gênants. Et l’autre coq présent dans l’espace salésien enclos a choisi de percher dans un manguier éloigné et ne s’approche de nos parages que dans la journée. Dimanche dernier le coq a fini à la casserole.

Côté ménagerie on remarque quelques oies et canards qui sont libérés le matin et enfermés le soir. Ils aiment manger l’herbe verte qui se maintient près des jeunes arbres qui bénéficient d’une irrigation quotidienne.

Passons sur les deux chiens de garde qui se font rarement entendre et dorment le jour. Sur les chats, petits et maigres selon nos critères, qui dorment presque tout le jour jamais bien loin de la cuisine.

A l’extérieur du mur qui marque les limites du Centre Professionnel – bientôt officiellement lycée professionnel et technique, mais toujours sur le domaine salésien, a été installée une porcherie de rapport, avec la filière complète (reproduction et engraissement, fabrique d’aliment à partir de céréales et de tourteaux). Pas loin de deux cents têtes si on compte les porcelets : dans la semaine deux truies ont mis bas – 11 et 13 de plus. Cases et animaux sont lavés tous les jours, les porcs sont bien roses (mais de race Large White). Le lisier, recueilli dans une fosse, est trop riche en eau pour offrir une possibilité de production de méthane.

L’homme qui s’occupe de la porcherie vit avec sa famille à proximité, et entretient en plus deux jeunes zébus qui sont peut-être sa propriété personnelle.

Cet élevage porcin est une source de revenus pour le Centre, comme les ateliers. Bien entendu il n’y a aucune aide du gouvernement pour l’enseignement ou la formation (quand elle existe, elle est infime). L’écolage est loin de couvrir les salaires et les frais de fonctionnement : à peine atteint-t-il le montant des factures d’électricité…Le Centre vit donc de dons (venus d’Italie principalement), et de ses propres productions. D’où la fabrication de brouettes, de pompes, de transformateurs, la réfection des bobinages des moteurs électriques, les meubles, les tables d’école… Une demi-classe était partie cette semaine afin de remettre en état pour la saison touristique un hôtel, à 20 km d’ici, avec un seul prof …et le nécessaire pour cuire le riz.

Aucune piste n’est négligée. La semaine dernière ont séjourné ici deux Italiens d’âge mûr, un ingénieur agronome, et un responsable de l’ENEL (« EDF »d’Italie) spécialiste des travaux hydrauliques. Ils ont jaugé les capacités agricoles de quelques centaines d’hectares, sur plusieurs sites, actuellement inutilisés, et proposés aux Salésiens, à quelques heures de route d’ici. Le projet est d’en faire des zones irriguées pour le riz, de donner du travail et d’en tirer des revenus. Il y a quelques années ce responsable ENEL a mis en production une turbine d’une cinquantaine de kW, au bénéfice d’un village, sur un canal d’amenée d’eau pour une rizière, avec une chute de seulement trois mètres de hauteur. C’est dans la région de Morondava.

Et puisque nous sommes dans le registre des visiteurs. Ces trois derniers jours le Centre a reçu la visite de « Sœur Cyclone » (cf. un reportage à la télé française il y a quelques années), qui anime une association – « Revivre »- intermédiaire possible pour avoir des fonds de l’Europe ou d’ailleurs. Pas banale la Sœur ! Née à Marseille, Sœur Claire est médecin de formation. Elle fut un temps cloîtrée (17 ans) chez les Bénédictines à Citeaux. Depuis 45 ans elle est à Madagascar, toujours religieuse, mais non en communauté. Elle assure des formations de niveau universitaire en médecine, théologie, économie, sexologie…

Ordinateur portable, internet…Un franc-parler décoiffant, très sûre d’elle-même (il faut l’entendre parler du sida à Madagascar, pratiquement inexistant selon elle, alors que la syphilis…), peut-être trop parfois…Elle conduit sa voiture des journées entières, mais avec un mécanicien à son côté. Dernier détail : elle a 87 ans, et une pétulance enviable !

Un jeune Italien, Ricardo, vient de nous arriver en même temps que la Sœur C. Il vient de terminer ses études supérieures de Génie Civil. Il devrait rester jusqu’à la fin de juillet. Il n’est pas venu ici par hasard. L’an dernier ses parents ont séjourné ici. Le père est patron d’une entreprise du bâtiment et ne demande qu’à rendre service : la relève se prépare de loin dans la culture des relations chez les Salésiens toujours en projets si ne n’est en réalisations.

Il a rejoint une autre Italien un peu moins jeune, Giani, qui parle à peu près le français et un peu le malgache, déjà rencontré l’an dernier à Ivato : c’est à son bras que le lémurien montré en ouverture du blog version 2009 (toujours visible) que le maki s’accroche.

Et c’est justement pour offrir de meilleures conditions de vie à ses – maintenant – deux makis (« Obama » et « Dino ») que Giani a entrepris la fabrication d’une grande cage…




Pour le reste tout baigne. En fait de moins en moins dans la sueur… Depuis une dizaine de jours l’hiver pointe son nez : ce matin il ne faisait pas tout à fait 23°C dehors (mais encore 26° dans la chambre, fenêtres ouvertes toute la nuit). Nous mangeons beaucoup de fruits (papayes et bananes principalement), pas trop de riz, pas trop de pâtes…La vie est animée, les rencontres nombreuses, les semaines défilent vite.

Jean-Paul, samedi 12 juin.

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