jeudi 3 juin 2010

Oh !...Eau

Nous ne parlerons pas du quotidien : tout se passe « normalement », à la malgache toutefois, ce qui veut dire avec des aléas (ex. : professeurs malades…) et donc une certaine souplesse des réalisations par rapport aux prévisions. La santé est bonne, la chaleur un peu pesante de 10 à 17 h, et « La Gastro » reste ici le nom …d’une pizzeria, Gastro Pizza sur la route de l’aéroport, vers Amborovy où nous sommes allés dimanche dernier voir notamment les Sœurs Guy (Leboeuf) et Françoise-Thérèse (Garreau).

Le sujet principal de ce blog tient à la visite, pour une petite semaine, d’un représentant d’une ONG suisse, avec sa compagne et un correspondant malgache. L’association s’appelle « W≈3≈W » (en français « De l’eau pour le tiers-monde »). Elle a été créée suite à des travaux d’ingénieurs suisses (si j’ai bien compris…) qui ont mis au point une « PEP » (pompe à eau à pédales). Il y en a en Inde, an Afrique et en Amérique Latine.


Ici à Madagascar une première tentative il y a trois ans, du côté d’Antsirabé, s’est soldée par un échec : la fabrication locale des pompes prototypes n’était pas assez soignée pour obtenir les résultats attendus. W3W a cherché un autre partenaire pour lancer son produit, et c’est au Centre Technique Don Bosco de Mahajanga qu’elle a pensé trouver davantage de chances d’aboutir.

J’avais vu en juin 2009 un premier exemplaire expérimental qui m’avait laissé perplexe : l’avant-projet est toujours au même endroit et dans le même état, inutilisable. Aussi ai-je été très étonné, peu après notre arrivée, de voir tout un alignement de pompes achevées, selon un modèle construit en petite série : la commande était de 60 pompes.

Depuis j’ai appris l’histoire. Le premier contact avec Don Bosco a dû avoir lieu fin 2008. Les choses ont été gelées début 2009, conséquence des troubles politiques. Mais le responsable du projet à Madagascar, Rudolph Urs, est revenu en novembre, et a passé une commande ferme : je suppose qu’entre temps le Frère Thierry, professeur de mécanique, avait eu le temps de réaliser un modèle plus probant que celui que j’avais vu en juin.

Bien sûr l’idée est de faire une pompe performante, avec des matériaux courants dans tous les pays en développement, robuste et facile à entretenir par des compétences locales, peu coûteuse (achat et fonctionnement).


Description brève de cette pompe aspirante : double piston ; les corps de pompe sont deux tuyaux de descente d’eau de pluie noyés dans du ciment moulé ; deux blocs de ciment obtenus grâce à des moules en tôle, l’un pour le corps de pompe, l’autre pour ancrer la mécanique de pédalage (monter-descendre et non tourner – cf . pompe à bras des pompiers d’autrefois) ; des leviers en guise de pédales. Chaque piston est constitué d’un disque de métal associé à un joint qui n’est autre qu’un tronçon de tuyau d’arrosage lové en tore ! Chaque cylindre a un clapet anti-retour qui n’est autre que du caoutchouc de chambre à air.

Les performances sont bonnes : aspiration jusqu’à 7, voire 8 m (la limite théorique, connue depuis la pratique des fontainiers de Florence au XVI° siècle, est celle donnée par un baromètre à eau – à voir dans l’escalier du Palais de la Découverte – 10,3 m pour une atmosphère à pression « normale »). Le débit, pour un pédalage non frénétique, peut dépasser 100 litres à la minute. Elle convient pour puiser l’eau d’un lac, d’une rivière, même un peu « chargée », d’un puits pas trop profond, même distant de plusieurs dizaines de mètres, et éventuellement sans crépine. Il est bon d’y associer un réservoir pour ensuite bénéficier de l’écoulement gravitaire. Elle est destinée à remplacer l’irrigation par arrosoirs des cultures maraîchères.



Mardi j’ai accompagné une expédition à Amborovy pour une démonstration sur cultures maraîchères de contre-saison, dans des espaces habituellement cultivés en riz : des coins paradisiaques, où l’eau est proche. Après beaucoup de tergiversations un endroit fut choisi, avec de l’eau à 2 m en contrebas. Mais l’opération fut un demi-succès, débit trop faible en raison d’un défaut d’étanchéité au niveau du raccordement du tuyau avec la pompe. Un point à soigner avant une autre démonstration, qui devra être convaincante pour espérer des acheteurs : le prix de la pompe atteint quand même cent euros.

Au final l’acheteur verra sa peine diminuée (monter et descendre un escalier glissant pour remplir deux arrosoirs totalisant une quinzaine de litres, et marcher des heures…), et sa production améliorée (meilleure irrigation, et davantage de temps pour éliminer les adventices).

Le correspondant malgache de W3W est Monsieur Harry, professeur de Mécanique des Fluides à l’Institut Polytechnique d’Antsiranana (Diego-Suarez). Il y a eu des travaux pratiques de « méca flu » avec du matériel donné par un établissement suisse il y a plus de 20 ans, mais actuellement plus rien ne fonctionne…


Enfin, pour introduire le sujet du prochain blog, une photo. C’est ce que tout visiteur de Don Bosco peut désormais voir en arrivant à la « Maison ».Avec une question :

. Quelle est l’utilité de la cage ?

Suggestions de réponse :

. Pour empêcher l’arbre d’aller voir ailleurs ?

. Pour empêcher les voleurs (ou les élèves…) de manger les fruits (c’est un jeune manguier !) ?

. Pour obliger l’arbre à se développer « en cube » et non « en boule » ?

. Pour empêcher les oiseaux d’y nicher ?

A suivre…

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